Another Day of Housewife, 1977
Vidéo, fichier numérique, 720 x 576, couleur, son, 9'50'',
Une jeune femme vaque à ses activités ménagères : vaisselle, ménage, linge, courses ; l’image d’un œil plein cadre dans un écran de télévision présent dans chacune des séquences, observe attentivement ses actions. La journée se déroule ainsi monotone du matin jusqu’au soir. L’heure du coucher vient boucler la redondance des journées de cette femme au foyer.
Mako Idemitsu a réalisé cette vidéo pendant une de ses journées où elle « en avait vraiment marre d’être une femme au foyer » [1]. Elle remarque que pendant la répétition sans fin des tâches ménagères une autre « elle » l’observe. Elle met alors en place un dispositif dans lequel elle donne forme à ce ressenti, en introduisant un moniteur de télévision qui diffuse l’image d’un œil démesuré. Le téléviseur qu’elle introduit dans An Other Day of a Housewife rappelle les télécrans de Big Brother, dans 1984 de George Orwell, qui, placés un peu partout, transmettent et reçoivent simultanément. Ici l’écran révèle la condition de base de la ménagère japonaise, toujours surveillée, vivant dans et sous le regard de l’autre. On peut imaginer que cet œil est celui du mari, des parents, d’une société, ou encore sa propre intériorisation des normes sociales. Cependant, l’héroïne semble ne pas avoir conscience de l’existence du moniteur et par conséquent n’a pas conscience du regard de « l’œil ».
« Toujours ces yeux qui vous observaient, cette voix qui vous enveloppait. Dans le sommeil ou la veille, au travail ou à table, au-dedans ou au-dehors, au bain ou au lit, pas d’évasion. Vous ne possédiez rien, en dehors de quelques centimètres cubes de votre crâne. » George Orwell, 1984. [2]
C’est une des premières vidéos dans lesquelles Mako Idemitsu fait apparaitre un poste de télévision dans le récit filmique. Celui-ci est le lieu de ce qui n’est pas visible. C’est aussi la première vidéo d’un cycle qui commence dès 1977, au cours duquel elle expose, selon ce même principe, le poids social qui conditionne la femme japonaise.
Louise Coquet, 2015
[1] “I was really fed up with being a house wife”, propos de l’artiste dans la vidéo. Voir : https://makoidemitsu.com/work/another-day-of-a-housewife/?lang=en, consulté le 1er décembre 2025.
[2] George Orwell, 1984, Paris, Gallimard, Folio n°177, [1950], p. 44.